Au fil du temps, chaque cerveau vieillit, se transforme et compose au mieux possible avec les changements.

Malheureusement, chez certaines personnes, une maladie s’installe et affecte une ou plusieurs capacités cognitives jusqu’à un point de bascule. S’ensuivent alors progressivement des difficultés dans le fonctionnement de la personne et des comportements parfois inhabituels pouvant nuire à ses capacités à réaliser ses activités de la vie quotidienne et même, éventuellement, à prendre soin d’elle. C’est alors qu’on pourra relever des signes d’un possible trouble neurocognitif (TNC) qu’un professionnel pourra évaluer.

Le TNC, c’est quoi?

Le trouble neurocognitif ou TNC désigne un ensemble de manifestations provoquées par une maladie du cerveau, généralement irréversible. Le TNC se caractérise par le déclin ou l’altération d’une ou de plusieurs capacités du cerveau menant à des changements de comportements, de personnalité ou encore d’humeur.
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Pas que l’Alzheimer…

Il peut arriver, à partir d’un stade ou à certains moments, qu’on ait l’impression de ne plus reconnaître notre proche :

Le TNC peut être léger ou majeur, selon le degré du déclin cognitif se traduisant par l’impact sur le fonctionnement de la personne. Lorsque le TNC est léger, la personne peut effectuer seule les activités quotidiennes, malgré le déclin des capacités dans un ou plusieurs domaines cognitifs. En revanche, un TNC majeur est associé à une perte d’autonomie importante chez la personne. Celle-ci peut alors être incapable de gérer son budget, de faire ses courses, de conduire, voire même de cuisiner et de réaliser les soins d’hygiène de base.

Quelques chiffres

65 ans

Après 65 ans, les risques d’être atteint de la maladie d’Alzheimer doublent tous les 5 ans.

600 000

Nombre estimé de personnes qui vivent actuellement avec un trouble neurocognitif au Canada.

1,7 million

Nombre estimé de personnes qui vivront avec un trouble neurocognitif en 2050 au Canada.

Sources : Société Alzheimer de Québec et l’Étude marquante de la Société Alzheimer du Canada

Quand s’inquiéter par les changements observés?

Si l’on assiste à des changements cognitifs normaux avec l’âge, c’est la fréquence, le degré et l’évolution de ceux-ci qui doivent être surveillés. Si vous êtes témoin d’un changement significatif, par exemple de personnalité ou d’habitudes chez un proche, prenez soin d’y porter attention.

Des repères qui s’effritent

Il peut arriver, à partir d’un stade ou à certains moments, qu’on ait l’impression de ne plus reconnaître notre proche :

  • Ma mère qui adorait jardiner s’en est complètement désintéressée!
  • Ma grand-mère qui cuisinait beaucoup a cessé de le faire, se disant plus fatiguée.
  • Je ne reconnais plus ma mère. Elle se met en colère comme ça, sans aucune raison.
  • Mon grand-père qui aimait raconter des blagues ne prend plus part à nos discussions.
  • Mon père qui faisait sa marche chaque jour passe maintenant ses journées dans sa chaise berçante.
  • Ma mère ne semble plus intéressée à ses petits-enfants qui représentaient pourtant tout pour elle.

Quand tout bascule

Ginette Leroux raconte le moment où elle s’est aperçue que son père présentait des signes d’Alzheimer.
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Vous remarquez les changements suivants?

  • Un changement d’humeur qui persiste
  • Du stress accru, de l’anxiété ou des craintes excessives
  • Une perte d’intérêt pour des activités auparavant appréciées
  • L’adoption de nouveaux comportements étranges ou inquiétants
  • Des difficultés à bien s’exprimer ou à trouver ses mots
  • Des difficultés à comprendre et à suivre des conversations

Partagez vos observations et vos inquiétudes avec votre proche et n’hésitez pas à consulter un professionnel.

C’est normal ou pas?

Normal

Oublier parfois :
Les noms, rendez-vous, sujets de conversation, items à l’épicerie, etc.

Égarer
Ses clés, ses effets personnels, etc.

Être fatigué et moins motivé

Avoir besoin d’aide

  • Pour prendre certaines décisions financières complexes ou gérer les imprévus
  • Pour réaliser des tâches plus exigeantes

Variations de l’humeur au fil des semaines

Douter, être moins sûr de soi

Être moins concentré, perdre le fil de temps en temps

Poser des questions sur un sujet en particulier

À surveiller / vers la consultation

Oublier fréquemment
Ses médicaments, des anniversaires, d’éteindre le four, des paiements bancaires.

Égarer, être confus et désorienté
Éprouver des difficultés à retrouver son chemin et à revenir à la maison

Avoir besoin d’aide

  • Pour réaliser des tâches simples que l’on accomplissait auparavant
  • Éviter des actions familières (ouvrir la télé, se maquiller, ajuster le chauffage, etc.)

Être apathique, inerte
Être indifférent pour des activités que l’on aimait

Changer de tempérament / personnalité

Devenir méfiant à l’égard des autres

Éprouver une grande difficulté à suivre une conversation ou à comprendre des consignes

Poser des questions répétitives malgré les réponses obtenues

Comprendre la maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est le trouble neurocognitif le plus fréquent. Son évolution progressive, insidieuse (premiers signes subtils) et irréversible explique pourquoi la maladie d’Alzheimer est dite neurodégénérative. Aux premiers stades de la maladie, les personnes présentent surtout des difficultés de mémoire (apprentissage), sans présenter de changements marqués de comportements. Au fil du temps, les atteintes pourront être plus évidentes et inclure notamment de la difficulté à s’exprimer, à reconnaître des objets, de la désorientation et des difficultés d’organisation.

Accompagner une personne vivant avec un TNC

Comprendre et accompagner une personne vivant avec un trouble neurocognitif, c‘est possible lorsqu’on possède plus de connaissances sur les TNC. La Dre Christine Grou s’entretient à ce sujet avec la Dre Karen Debas, neuropsychologue, ainsi qu’avec Ginette Leroux, proche aidante.

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Quand faut-il consulter?

Chaque inquiétude compte. À partir du moment où nous sommes inquiets après avoir observé des changements dans les comportements, les habitudes ou les attitudes d’un proche, il est judicieux d’en discuter avec la personne et de réfléchir, ensemble, à la pertinence de consulter un professionnel.

Connaissez-vous… l’encodage?

Ce qui caractérise les troubles de mémoire dans la maladie d’Alzheimer, ce sont les difficultés à apprendre de nouvelles informations, ce qu’on appelle aussi ‘’encoder’’. Dans le cerveau, les oublis sont la conséquence des atteintes des neurones de l’hippocampe, une structure retrouvée dans les hémisphères gauche et droit. L’encodage devient donc plus ardu. En revanche, la récupération de souvenirs anciens dans la mémoire à long terme est préservée, du moins dans les premiers stades de la maladie. Voilà qui explique pourquoi les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent très bien raconter, dans le détail, leur mariage ou encore d’anciens souvenirs de vacances alors qu’il peut leur être impossible de rappeler l’activité réalisée la veille, faute d’un bon encodage.

Vrai ou faux ?

Les gens qui présentent un TNC (et la maladie d’Alzheimer) ne sont plus capables de réaliser des apprentissages.

FAUX

Il ne faut pas sous-estimer les capacités du cerveau à s’ajuster, et ce, peu importe le nombre de bougies sur notre gâteau d’anniversaire. Le développement de connexions entre les neurones du cerveau peut se faire à tout âge, mais autrement et à un rythme différent. Donc oui, il est possible de faire des apprentissages même lorsque notre cerveau est atteint par des maladies associées au vieillissement.

Dans la maladie d’Alzheimer, il est vrai que l’encodage de nouvelles informations telles que des dates, des noms, des lieux et des événements est altéré à différents degrés. Toutefois, un autre type de mémoire, celui dit procédural, est généralement préservé : on parle de la mémoire « motrice » qui nous permet de jouer un morceau de piano, de faire du vélo, de conduire une voiture, etc. Les gens atteints d’Alzheimer peuvent donc tout de même continuer à faire des apprentissages moteurs, c’est-à-dire apprendre de nouveaux gestes, de nouveaux pas de danse, un nouvel instrument de musique, ou encore une nouvelle habileté qui implique une action motrice.